L'audit sur la transfusion... Ou le travail sur le regard des autres
J'adore transfuser. Je trouve que c'est un soin qui nous fait un peu réfléchir, j'adore encadrer des étudiants lorsqu'ils transfusent également. Et c'est également un moment privilégié dans la chambre du patient, car dans l'obligation de rester au moins un quart d'heure pour la première surveillance, on peut lui accorder du temps. Il faut être concentré, tout le monde s'accorde à le dire, donc on laisse le téléphone à l'extérieur, on dit à nos collègues qu'on va transfuser et on est tranquilles pour quelques instants. Quel bonheur, petite bulle de calme dans l'effervescence du service !

Je me retrouve comme il y a 5 ans, en MSP. Les Mises en Situation Professionnelle : deux fois par an, les formatrices de l'école venaient nous voir sur le terrain et nous évaluer. Il fallait les valider pour passer l'année, sinon il y avait une MSP de rattrapage. C'était une grosse scène de théâtre où tout devait être parfait, impeccable. Nous étions pour la plupart tous malade d'avance… C'était terrible comme pression, mais ça faisait parfois du bien. J'ai redoublé ma dernière année à cause de ça. Le regard des autres, le jugement, c'est une chose sur laquelle je travaille énormément. Je sais transfuser, je pense travailler correctement, et Dieu merci, c'est tombé sur un soin que j'aime particulièrement. Elles ne le savent pas, personne ne le sait vraiment, mais se faire observer une heure durant, ça m'a aidé. Ça m'a mis face à une de mes plus grandes peur. Je suis contente que ça soit tombé sur moi, finalement, il n'y a peut-être pas de hasard… Docteur Jude m'a demandé de travailler sur ces situations problématiques qui me mettent mal à l'aise, dans l'inconfort. Ce jour là, si je n'ai pas travaillé ce point, je ne sais pas ce qu'il lui faut !
Au final, ça s'est très bien passé. Les croix étaient remplies au bon endroit dans leur grille d'évaluation. On a terminé à 13h45 (car après il y a eu discussions mais à propos d'autre chose), je n'en pouvais plus, j'étais complètement déshydratée et en hypoglycémie je pense. J'ai soufflé, j'ai bu un coup, j'ai déjeuné et je me suis sentie plutôt fière de moi. Pas sur le plan de la transfusion (heureusement que je sais transfuser, sinon ça fait peur…), mais concernant ce travail sur le regard de l'autre et la peur du jugement.
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